Pour ce nouveau numéro de l'interview 100%OL by Goneback, la rédaction vous amène à la rencontre de Yohan Gomez. Formé au club et passé notamment par le SC Bastia, il revient pour nous sur sa carrière, la situation actuelle de l'OL ainsi que ses projets personnels. Une interview à consommer sans modération.
Yohan, bonjour et merci d'avoir accepté notre invitation pour cette interview croisée format papier. Comment vas-tu ?
Ça va très bien je te remercie.
Peux-tu nous parler de tes années formation à l'OL ? Ta génération ? Qui te recrute ? Tes formateurs ?
Je suis arrivé à l’OL à l’âge de 13 ans notamment grâce à Jean Paul Klotz qui était dirigeant de cette catégorie. Je fais partie de la génération 81 qui était un peu prise entre deux générations 79 qui gagne la Gambardella et a produit plusieurs pros (Govou , Bréchet, Vieira, Bernard…) et la génération 82 qui a gagné le titre en 17 ans et a donné plusieurs pros elle aussi.
Nous ne sommes que 2 à avoir signé pro : Nicolas Puydebois et moi. Honnêtement le club ne fondait pas beaucoup d’espoir sur notre génération malgré un beau parcours U17.
J’ai eu la chance d’être entraîné par Armand Garrido, Robert Valette et José Broissart qui sont des formateurs de grande qualité.
Selon toi y a-t-il des différences à l'Académie entre ton époque et maintenant ?
Les différences sautent aux yeux. Tout d’abord en matière d’installations. Les jeunes disposent de conditions exceptionnelles pour être performants. Les méthodes d’entraînement sont différentes, la data a pris une place importante chez les jeunes. Les staffs sont étoffés, ce qui n’existait pas il y a 20 ans. Peut-être va t'on trop loin d’ailleurs dans ce domaine, un peu de simplicité est parfois bénéfique.
Tu signes en 2002 ton 1er contrat professionnel grâce à Jacques Santini. Comment ça se passe ? Quels étaient tes objectifs ?
Concrètement fin avril, les décisions tombent concernant les joueurs arrivant à la fin de leur formation. Nous passions tous des entretiens individuels avec Robert Valette et José Broissart qui annonçaient la décision du club. Je les revois me féliciter pour ma saison et m’annoncer que j’ai rendez-vous avec Jacques Santini deux jours plus tard pour savoir ce que le club me propose.
La décision était entre ses mains. Jacques Santini me propose ainsi un contrat d’un an + 2 ans en option. Je te laisse imaginer la fierté et la joie qui en découle. A ce moment-là, je me dis que j’ai beaucoup de chance et je mesure le chemin parcouru pour en arriver là. Mais il faut vite basculer vers l’objectif qui est de se faire une petite place parmi les champions de France et apprendre vite car le niveau est élevé. Faire quelques bancs serait déjà une bonne chose. Sachant qu’il n’y avait que 5 remplaçants dont un gardien, donc pas facile d’être dans le groupe pour les matchs.
"Le trio Diarra-Essien-Juninho était quasiment ce qui se faisait de mieux en Europe."
Tu es donc dans le groupe professionnel entre 2002 et 2005. Était-ce plus difficile pour un jeune de faire sa place comparé à maintenant ?
Le niveau était très relevé. Quasiment que des internationaux à mon poste : Diarra, Essien, Juninho en 2003-2004. Mais j’ai pu grâce à de la polyvalence commencer à apparaître dans le groupe après 6 mois que je considère comme de l’apprentissage. Pour l’anecdote, j’ai fait mon premier banc à Furiani contre Bastia, club pour lequel je jouerai pendant 5 ans.
Le trio Diarra-Essien-Juninho était quasiment ce qui se faisait de mieux en Europe. Se faire une place était plus compliqué à l’époque.
Le 8 décembre 2004 tu découvres la Champion's League contre Prague. Un moment particulier ?
Ce match restera un moment extraordinaire. La ferveur d’un match de LDC est incomparable. L'atmosphère était superbe et le déroulement du match en fait un souvenir indélébile. Dès la veille d’un match de ce type, on se conditionne de manière spéciale. Tout est multiplié par 2 ou 3 en termes de concentration, on ressent une excitation particulière.
J’aurais aimé jouer plus longtemps car c’est pour ces moments que l’on joue au foot.
Quel bilan fais-tu de ta carrière ?
D’abord, je mesure la chance que j’ai eu de pouvoir vivre de ma passion. Faire une carrière pro n’était pas gagné pour moi car je n’étais pas le plus doué de ma génération. Si on m’avait dit à 15 ans que je ferais cette carrière, j’aurais signé tout de suite.
Toutefois, avec le recul je quitterai Lyon un an plus tôt profitant de mes quelques apparitions en ligue 1. J’aurais aimé pouvoir m’exprimer plus à l’OL mais j’aurais peut-être dû être moins respectueux des plus anciens et chercher encore plus à prendre leur place.
Je suis toutefois chanceux d’avoir été dans cet effectif et d'avoir vécu les ambiances de LDC et les titres.
"Des changements s'imposent dans l'effectif et des joueurs arrivent en fin de cycle"
L' OL a vécu une saison difficile sportivement et extra-sportif. Quel est ton point de vue ? Les raisons de cet échec ?
La saison difficile s’explique d’abord par des problèmes internes au sein de la direction sportive avec le départ de Juninho pour conclusion. Il semble que le manque d’harmonie en interne ait nui au bon fonctionnement et en conséquence au domaine sportif.
Les joueurs ont été irréguliers et un manque de leaders est apparu clairement. Dans les moments difficiles, on n’a pas pu s’appuyer sur des patrons car ceux qui devaient être les patrons n’ont pas donné satisfaction. Des changements s’imposent dans l’effectif et des joueurs arrivent en fin de cycle. Il faut du sang neuf pour encadrer les jeunes issus de l’Académie et des joueurs qui collent au style de Peter Bosz si celui-ci reste le coach.
Selon toi, faut-il laisser le temps à Peter Bosz ? Enclencher ce nouveau cycle de réussite passe-t-il par un changement total ?
Peter Bosz n’a pas eu les moyens d’appliquer sa philosophie de jeu car les joueurs n’étaient pas adaptés au style prôné et la composition de l’effectif sans ailier de métier était trop déséquilibrée. Il faut une harmonie entre les demandes du coach et les arrivées mais cela nécessite une cohésion avec la direction sportive chargée du recrutement.
L’effectif doit être renouvelé en bonne partie car certains joueurs sont en fin de cycle : Aouar par exemple. D’autres n’ont pas donné satisfaction : Boateng, Dubois..
Le club va avoir prochainement l'arrivée de nouveaux partenaires. Jean-Michel Aulas doit-il rester l'actionnaire majoritaire du club ?
J’ai l’impression que Jean Michel Aulas souhaite rester le patron mais si un nouvel actionnaire est capable de racheter les parts de Pathé et IDG, alors il voudrait peut-être avoir le pouvoir de décision.
Le président Aulas devra un jour transmettre le flambeau quoi qu’il arrive.
Comment l'OL peut-il revenir au 1er plan du foot français ? Retrouver l'ADN OL qui a fait son succès ?
Je crois qu’il faut revenir aux fondamentaux, construire autour d’une culture club. S’appuyer sur les joueurs de l’Académie qui ont émergé cette saison comme Caqueret ,Lukeba,Gusto... Et aussi renouer avec le public par plus de proximité et reconnecter les joueurs avec ceux qui font vivre le club : le public et les supporters. Le public a besoin de s’identifier en ses joueurs.
Faut-il miser sur un recrutement ambitieux ? Sur l'Académie ?
Certains joueurs issus de l’Académie ont donné satisfaction ou se sont révélés. Il faut qu’ils soient au cœur de ce projet mais pour cela il est nécessaire d’avoir des joueurs fiables autour d’eux. Il faudra être malin et cela dépendra bien évidemment des finances et des changements dans l’actionnariat du club.
"Tout n'est pas clairement défini dans l'organigramme"
Quel est ton point de vue sur l'organigramme du club ? Jean-Michel Aulas, Vincent Ponsot, Bruno Cheyrou ?
Le club doit s’appuyer sur des fondamentaux solides. Tout le monde doit avoir des prérogatives bien définies et rester dans son domaine de compétences.
Pour moi, il faut un axe fort : président - directeur sportif - coach. Je trouve que tout n’est pas clairement défini dans l’organigramme.
Surtout, je trouve essentiel de fournir au coach des joueurs qui correspondent à ses principes de jeu.
Que penses-tu du retour de Lacazette ? Et est-ce que tu penses que son retour peut donner envie à d'autres anciens de revenir ?
Je vois d’un bon œil le retour d’Alexandre Lacazette. Il a non seulement l’ADN lyonnais mais il est encore performant et son profil correspond à ce qui manque à l’effectif. C’est un leader.
Toutefois c’est un risque pour lui de revenir et il ne faut pas chercher à faire un recrutement uniquement d’anciens du club.
Ce qui m’importe c’est d’aller chercher les leaders qui manquent à cet effectif.
Que fais-tu désormais ? Qu'est-ce que l'on peut te souhaiter ?
Je suis désormais reconverti dans le conseil en investissements. En effet, j’accompagne mes clients dans le développement de leur patrimoine au sein de Helion Patrimoine.
J’accompagne aussi des personnes qui souhaitent faire le même métier que moi dans le développement de leur cabinet.
De continuer à prendre du plaisir à faire mon métier et développer cet aspects auprès de sportifs car c’est une clientèle que je n’ai pas encore développée au sein de mon cabinet.
Yohan, merci pour cet entretien. Si on devait finir avec un petit mot de ta part aux supporters lyonnais, ce serait lequel ?
Merci aux supporters de continuer de faire vivre le stade comme ils le font même si tout n’est pas rose actuellement.
Je leur souhaite de vivre à nouveau de grandes émotions car c’est pour cela qu’on se rend au stade et que l’on aime le foot.
Propos recueillis par Florian et Cook'/ Rédaction: Jérémy Le Roch et Antoine Melinand